C’est une question cruciale pour l’avenir à court terme de l’euro. En effet, si la Grèce refuse de se soumettre à un sévère plan de rigueur, comme pourraient l’indiquer les mouvements de grève, alors elle pourrait faire défaut et menacer le fragile édifice monétaire européen.
Une rigueur extrêmement dure
Le plan discuté avec les autorités européennes est en effet particulièrement dur puisqu’il vise à réduire de 4 points le déficit budgétaire grec dès cette année. Les mesures prises forment un cocktail bien amer de hausse de la TVA, hausse des taxes sur les carburants, les cigarettes et l’alcool ainsi qu’une nouvelle réduction du traitement des fonctionnaires. Le FMI, la BCE et la Commission de Bruxelles se succèdent à Athènes pour en discuter les détails.
Mais une partie de la population grecque rejette violemment cette intervention, ce qui a provoqué une grève générale cette semaine pour faire pression contre ces mesures. Les transports, les écoles, les hôpitaux et même les médias ont été touchés par ce mouvement. Une partie de la population se révolte à la fois contre ses élites, qui n’ont pas su gérer les comptes de la nation, mais aussi contre l’intervention jugée colonialiste des institutions européennes et internationales.
Une menace sur l’euro
Et il est clair que si la Grèce ne mène pas à bien ce plan, elle se trouvera sans doute en défaut de paiement ce printemps, quand elle devra trouver environ 20 milliards d’euros, à moins de demander l’aide du FMI. Alors, la question de son maintien dans la zone euro pourrait se poser si le pays souhaitait se redresser par le biais d’une dévaluation, ce qui mettrait une énorme pression sur l’euro, les spéculateurs étant susceptibles d’attaquer ensuite l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la France.
C’est pourquoi l’avenir de la Grèce est essentiel pour la survie à court terme de l’euro (à moyen terme, il est condamné par la diversité de la zone et les effets pervers qu’il provoque). Si le premier domino tombe, alors il est probable que l’ensemble de l’édifice s’effondrera. Il n’y a que deux solutions pour sauver le soldat grec. La première, le soutien financier des autres Etats membres, est hautement improbable car interdite par les traités et refusée par des pays qui ne veulent pas encourager le laxisme.
Athènes au régime sec
La seule autre solution est donc un tour de vis extrêmement sévère sur le budget de la Grèce. Et malgré la dureté des mesures prises et les conséquences sur sa croissance, je crois que cela sera l’option prise. En effet, le papier du Figaro note tout de même qu’une majorité de la population soutient le gouvernement dans son programme de rigueur. En outre, il ne faut pas oublier que le pays avait triché sur ses comptes, ce qui créé une certaine culpabilité qui peut faire passer la pilule à court terme.
En outre, pendant 25 ans, la Grèce a très largement profité de son appartenance à l’Europe, bénéficiant de nombreux transferts financiers, qui ont permis la modernisation du pays. Du coup, il est plus facile d’accepter la rigueur aujourd’hui, aussi violente soit-elle, comme cela se passe en Irlande. La situation serait complètement différente dans un pays qui n’a pas autant bénéficié des fonds européens et qui n’aurait pas sans doute pas la même tolérance à une intervention extérieure.
Malgré la violence des mesures, je crois que la Grèce va suivre l’agenda du FMI, de la Commission et de la BCE. L’histoire du pays fait qu’il acceptera l’épreuve dans un premier temps, ce qui sauvera l’euro pour quelques temps. Mais pour quelques temps seulement…
Laurent Pinsolle
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